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force, assez de courage, assez de lumière, assez de sagesse et assez de vertu, pour résister aux tentations du péché et pour demeurer toujours fermes dans leur innocence, sans jamais tomber dans le péché ; et pour cela il n’auroit tenu et ne tenoit qu’à Dieu, de le vouloir ainsi, et en ce cas-là jamais les hommes n’auroient tombé dans le péché, et par conséquent, suivant la doctrine de nos Christicoles, il n’y auroit jamais eu aucun mal, ni par conséquent jamais aucune créature malheureuse, ce qui auroit été le plus grand bonheur du monde. Mais Dieu, suivant la même doctrine de nos Christicoles, ne l’aïant pas voulu ainsi, comment peuvent-ils accorder cela avec une si grande bonté et un si grand amour, que celui qu’ils disent qu’il a pour les hommes ? Cela ne se peut accorder. Comment encore accorder, dans un même Dieu, une si grande bonté et une si grande miséricorde envers les pécheurs et un si grand amour, avec une si grande rigueur et une si grande sévérité, avec laquelle il puniroit leurs moindres fautes ? Comment accorder, dans un même Dieu, une si grande bonté et un si grand amour pour les hommes pécheurs, avec une si grande colère, avec une si grande fureur et avec une si grande indignation, qu’il auroit pour ces pécheurs, et même avec une si cruelle vengeance, que celle qu’il exerceroit contr’eux ? Des extrémités si contraires et si oposées ne peuvent se trouver ensemble dans un même sujèt, puisqu’elles se détruisent nécessairement l’une l’autre. Il est donc ridicule et absurde de vouloir les attribuer à un même Dieu.

2o. Est-il croïable qu’un Dieu infiniment bon, et