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de leur morale, qu’il vaudroit mieux laisser périr toutes les créatures, que de commettre un seul péché véniel, que de dire un seul mensonge officieux, ou une seule parole oisive et frivole, qui seroient seulement des péchés véniels, suivant leur doctrine, il est évident, qu’il, vaudroit donc aussi beaucoup mieux, qu’il n’y eut jamais eu d’hommes, et qu’il n’y eut jamais eu aucun monde, que d’y en avoir eu et d’y en avoir encore tant de si méchans vices et tant de si détestables crimes ; il vaudroit beaucoup mieux qu’il n’y eut jamais eu d’hommes, que d’y en avoir pendant toute une éternité tant de si misérables et si malheureux reprouvés. En un mot, il vaudroit beaucoup mieux que Dieu n’eut jamais rien créé, que d’avoir permis ou laissé faire le moindre mal, c’est-à-dire le moindre péché, ou la moindre désobéissance à ses commandemens. Jugez si un Être infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage auroit jamais voulu, ou voudroit jamais faire, ou auroit jamais voulu permettre ce qu’il auroit mieux valu, qu’il n’eut jamais fait et qu’il n’eut jamais permis de faire. Il est ridicule et absurde de dire, qu’il auroit jamais voulu faire ou permettre, ce qu’il auroit mieux valu qu’il ne permit jamais, puisqu’il agiroit en cela même contre la nature de son infinie bonté et de son infinie sagesse. Tous ces raisonnemens-là font évidemment voir, que nos Christicoles sont encore dans l’erreur, en ce qu’ils disent, que Dieu punit les crimes et les péchés des hommes par des châtimens éternels.

Mais voïons encore une autre erreur de leur doctrine, toute contraire et opposée à celle que je viens