Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et divins livres témoignent, que Dieu se repentit d’avoir si sévèrement punis les hommes de leurs méchancetés, lorsqu’il les fit tous périr par les eaux du déluge, qui auroit inondé toute la terre, au tems de Noé[1] ; ils disent que Dieu promit pour lors, qu’il ne maudiroit plus la terre, à cause des péchés des hommes, et qu’il ne leur envoïeroit plus de déluge, parce qu’ils sont naturellement enclins au mal. Il leur dit même qu’il mettroit son arc dans les nuées, pour marque assurée de son alliance avec les hommes et avec toute créature vivante, qu’il ne leur envoïeroit plus de déluge[2]. Et il auroit créé et formé un effroïable enfer pour les tourmenter et les faire cruellement et éternellement brûler dans des flames ? Cela se peut-il dire ? Cela se peut-il seulement penser d’un Être, qui seroit infiniment bon et infiniment sage ? Certainement non, cela ne se peut et ne se doit nullement dire, ni penser.

Notre prétendu Christ disoit d’un de ses disciples, qui devoit le trahir, qu’il lui auroit été avantageux et qu’il auroit mieux valu pour lui, qu’il n’eut jamais été né, etc. Mais si ce que je viens d’exposer de la doctrine de nos Christicoles étoit véritable, on pouroit bien certainement dire, qu’il auroit beaucoup mieux valu que Dieu n’eut jamais créé d’hommes, que de les avoir créés et de les avoir laissés, comme il auroit fait, dans une condition si faible et si fragile. Nos Christicoles ne sauroient nier cette conséquence : car, puisqu’ils disent eux-mêmes, et que c’est une maxime

  1. Gen. 8. 21.
  2. Gen. 9. 13.