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ricorde, et un Dieu de toutes consolations ? Pater misericordiarum et Deus tolius consolationis ? Ne dites vous pas qu’il aime à pardonner, qu’il est largiteur du pardon et amateur du salut des hommes, Deus veniae largitor, et humanae salutis amator ? Et ne dites-vous pas même que la multitude de ses miséricordes surpasse la malice de nos péchés, multae misericordiae ejus et prestabilis super malicia ? Vous dites tout cela. Comment donc pouvez-vous dire qu’il puniroit si sévèrement, si cruellement et si impitoïablement de si légères fautes ? Cela se contredit et se détruit entièrement de soi-même. Si flagellat occidat semel, disoit le bon Job[1] et non de poenis nocentum vel innocentum rideat.

Réprésentez-vous un peu l’effroïable malheur, où seroient plusieurs de ces malheureux réprouvés, qui n’auroient peut-être pour tout crime, que celui d’avoir eu la foiblesse de goûter seulement quelque doux plaisir naturel ; d’autres qui n’auroient peut-être que celui d’avoir eu un peu trop de complaisance pour des amis ; d’autres qui n’auroient peut-être pour tout crime que celui d’avoir eu la volonté ou le desir de se venger de quelque méchant ennemi qu’ils avoient ; d’autres qui n’auroient peut-être que celui d’avoir manqué quelques messes, ou de n’avoir pas observé quelques jeunes, ou de n’avoir pas cru assez fermement quelques articles de foi etc. Les voilà donc, ces pauvres malheureux, les voilà donc irrémissiblement condamnés à souffrir pour tout jamais les cruels et effroïables

  1. Job. 9. 23. (?)