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point, où elle peut aller. Quoi ! tous les maux, toutes les miséres, et toutes les afflictions de cette vie ne suffiroient pas à un Dieu, pour venger sur les hommes le prétendu crime d’une légère désobéissance ? Ils ne suffiroient pas pour venger le prétendu crime d’avoir indiscrètement mangé quelque pomme ou quelque prune dans un jardin. Ils ne sufliroient pas non plus pour venger le crime, d’avoir seulement transgressé indiscrètement quelque loi du jeune ou de l’abstinence, commandée par l’Église ? Ils ne suffiroient pas pour venger le crime d’avoir fait quelqu’excès dans le boire ou dans le manger, dans un festin d’amis ? Ils ne suffiroient pas pour venger dans de jeunes hommes ou dans de jeunes filles ou femmes le crime d’un doux baiser ou d’un embrassement, ni même pour venger le crime d’y avoir seulement pensé, ou de s’être seulement regardés les uns les autres avec complaisance ? Mais il lui faudroit encore des châtimens éternels pour les punir, et même des châtimens les plus terribles et les plus effroïables, que l’on puisse imaginer : des feux et des flames éternelles, et tout ce que l’on peut imaginer de plus terrible ? Il lui faudroit, dis-je, ces sortes de châtimens, pour satisfaire sa vengeance, et pour avoir le plaisir de les tourmenter à tout jamais ? Cela passeroit tout excès de cruauté et d’inhumanité. Et vouloir soutenir telle chose, c’est vouloir, comme j’ai dit, pousser l’extravagance jusqu’au dernier point. Ne dites-vous pas, Mrs. les Christicoles, que Dieu est plein de bonté et de miséricorde ?[1] qu’il est un Père plein de misé-

  1. Cor. 1. 3.