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ber dans une si furieuse et cruelle démence, que de vouloir perdre et rendre malheureux à tout jamais tous les hommes, qui sont ses enfans et ses peuples ? Comment, dis-je, auroit-il pû tomber dans une telle démence, que de vouloir les perdre tous et les rendre tous éternellement malheureux, par la faute d’un seul homme, qui n’auroit fait que manger indiscrètement d’une pomme, par exemple, ou d’une prune, qui lui auroit été défendue ? Cela, dis-je, n’est nullement croïable ; il est ridicule même d’en avoir la pensée : partant, c’est manifestement une erreur dans nos Christicoles de dire, comme ils font, que Dieu punisse les crimes et les péchés des hommes par les peines temporelles de cette vie, qui ne sont certainement, comme j’ai dit, que des suites naturelles de la constitution naturelle des choses.

Mais cette erreur paroit encore plus, en ce qu’ils disent que Dieu ne punit pas seulement les péchés des hommes par des peines temporelles de cette vie, mais les punit encore bien plus rigoureusement en l’autre vie, par des suplices éternelles de l’enfer, et par les plus effroïables châtimens que l’on puisse imaginer d’un enfer, qui est toujours, disent-ils, plein de feu et de flames et plein de toutes sortes d’horreurs et de malédictions ; car c’est vouloir pousser la vengeance de Dieu jusqu’à un tel excès de cruauté et de barbarie et d’inhumanité, qu’il n’y auroit point d’homme, parmi les plus cruels tyrans, qui ont jamais été, qui auroit voulu, ou qui auroit eu le coeur de vouloir la pousser si loin ; mais c’est aussi vouloir pousser à cet égard l’extravagance jusqu’au dernier