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offensent Dieu et qu’ils excitent sa colère et son indignation. De sorte que, suivant leur véritable sentiment, quand ils disent que les vices et que les péchés des hommes offensent griévement et mortellement leur Dieu, et qu’ils disent qu’ils excitent sa colère, sa fureur et son indignation, toutes ces expressions-là ne signifient rien autre chose, si non que Dieu châtie et punit rigoureusement les vices et les péchés des hommes, et ils trouvent à propos de se servir de ces sortes d’expressions, afin de s’accommoder, comme ils disent, à la manière ordinaire de parler des hommes et en même tems afin d’inspirer de la crainte et de la terreur aux hommes pécheurs, afin d’humilier les superbes, afin d’exciter les négligens à la vertu, afin d’exciter les esprits curieux et afin d’entretenir l’esprit de piété dans les justes.

Mais si c’est seulement là ce qu’ils entendent par leurs susdites manières de parler et si c’est seulement-là leur intention, il est donc vrai, comme j’ai dit, que les péchés des hommes n’offensent nullement Dieu et qu’ils n’excitent nullement sa colère et son indignation, et par conséquent nos Christicoles sont dans l’erreur et ils ont tort d’exagérer vainement, comme ils font, la griéveté et l’énormité des péchés par raport à cette prétendue offense de Dieu, puisqu’elle n’est, selon eux, qu’une offense métaphorique et une offense imaginaire. D’ailleurs c’est abuser des termes que d’apeller, comme ils font, injure et offense de Dieu, ce qui n’est ni injure, ni offense de Dieu ; et c’est abuser des termes que d’apeller, comme ils font, ire et colère, fureur et indignation, ce qui n’est