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dit formellement, que tout bienfait excellent et que tout don parfait vient de Dieu, qui n’est, dit-il, sujèt à aucun changement, ni à aucune ombre de révolution : apud quem non est transmutatio, nec vicissitudinis obumbratio[1]. Par où il est clair et évident, que nos Christicoles eux-mêmes sont obligés de reconnoitre, qu’un Être infiniment parfait, tel que seroit leur Dieu,[2] ne peut être sujèt à aucune passion, et par conséquent, que c’est une erreur de dire et de penser, et à plus forte raison d’enseigner tous les jours, comme font nos Christicoles, que les vices et les péchés des hommes excitent la colère, la fureur et l’indignation de Dieu. Il est ridicule et absurde de dire, qu’un Être, qui seroit par sa nature même immuable et inaltérable, puisse être aucunement sujèt aux mouvemens de ces sortes de passions-là.

Les Philosophes et particulièrement les Stoïciens estiment, qu’il est indigne d’une personne sage de se laisser aller aux mouvemens d’aucune passion, ainsi à plus forte raison jugeroient-ils, qu’il seroit indigne d’un Être infiniment parfait de s’y laisser aller. Et ce qui fait voir encore, que les vices et les péchés des hommes n’offensent nullement Dieu, et qu’ils ne lui font aucun tort, aucun mal, ni aucun déplaisir et que même ils n’excitent aucunement sa colère ni son indignation, c’est qu’il ne les empêche en aucune manière : car s’ils l’offensoient véritablement et

  1. Jacob. 1. 17.
  2. L’offenseur et l’Être offensé, dit le Sr de Montagne, font également témoignages d’imbécillité, ce qui ne peut convenir à un Être infiniment parfait. Ess. de Montagne pag. 499.