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que d’avoir permis, comme il a fait, qu’il se commit jamais aucun péché véniel, ou qu’il se dise jamais aucun mensonge officieux, ou qu’il se dise jamais aucune parole vaine et frivole. Jugez s’il ne seroit pas entièrement ridicule de dire telle chose ; il est donc aussi tout-à-fait ridicule de dire, que les vices ou les péchés des hommes offenseroient griévement et mortellement Dieu, comme disent nos Christicoles.

Ajoutez à cela, qu’être offensé, ou pouvoir être offensé, est un témoignage assuré de foiblesse et d’imbécillité, qui ne se peut nullement trouver dans un être, qui seroit infiniment parfait, et par conséquent, qui ne se peut trouver en Dieu.

Et pour la même raison c’est une erreur de croire, qu’il se fâcheroit et qu’il se mettroit en colère, ou qu’il entreroit en fureur et en indignation contre les hommes, à cause de leurs vices et de leurs péchés, c’est dis-je, une erreur de dire et de penser cela, non seulement parceque cela seroit indigne de la sagesse d’un être infiniment parfait, tel que seroit un Dieu, comme on le supose, mais aussi, parcequ’étant immuable et inaltérable par sa nature même, comme on le supose aussi, il ne pouroit être sujet à aucune de ces passions-là. Et la raison de cela est, que les passions sont des émotions extraordinaires de l’âme, qui changent et qui altèrent la disposition naturelle et ordinaire de l’âme, et ainsi Dieu étant, comme on le supose, immuable de sa nature et inaltérable, il est évident qu’il ne pouroit être ému par aucunes de ces passions-là. C’est ce que nos Christicoles eux-mêmes sont encore obligés de recon-