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restre pour cette seule faute, et que pour ce seul sujet lui, et tous ses descendans, furent condamnés à la mort et à toutes les misères de cette vie ; et non seulement à toutes les misères de cette vie, mais aussi, comme disent nos Christicoles, à la damnation éternelle ; de sorte que tous les hommes, qui sont venus depuis, ou qui viendront ci-après, jusqu’à la fin des siècles, ne sont et ne seront dès leur naissance, comme dit leur S. Paul,[1] que des enfans de colère, dignes de punition éternelle. Eramus enim naturae filii irae[2] Venit enim ira Dei in filios diffidentiae.

Tous ces témoignages et quantité d’autres semblables, que l’on pouroit alléguer, montrent évidemment que la Religion Chrétienne croit et enseigne, que les vices et que les péchés des hommes, et mêmes ceux qui ne sembleroient être que des fautes légères, offensent très-griévement Dieu, et qu’ils excitent sa colère, son indignation et sa fureur. Or c’est une erreur de croire et de penser, qu’un être tout-puissant et infiniment parfait, tel que seroit un Dieu, puisse être véritablement offensé par aucun vice, ni par aucune méchanceté des hommes, et pareillement c’est une erreur de croire et de penser, qu’un être immuable, infiniment parfait et infiniment sage, tel que seroit un Dieu, puisse véritablement être ému de colère, de fureur et d’indignation, ni même d’aucune autre passion.

C’est ce que je prouve évidemment par cet argument-ci. Un être qui seroit infinement au-dessus de toute offense et de toute injure, ne peut être vérita-

  1. Ephes. 2. 3.
  2. Ibid. 5. 6.