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de perfection, quant au corps et quant à l’âme, c’est-à-dire dans une parfaite santé, dans une parfaite raison et dans une parfaite innocence, exemts de toutes les infirmités du corps et de tous les vices de l’âme ; qu’il les avoit mis dans un lieu de délices et de félicité, qu’ils apelloient un Paradis terrestre, où ils auroient vécu, eux et toute leur postérité, dans un parfait contentement, s’ils eussent toujours demeuré fidèls et obéissans à leur Dieu ; mais qu’aïant, par l’instigation d’un serpent, indiscrètement mangé d’un fruit, que Dieu leur avoit défendu de manger, ils méritèrent, pour cette faute, d’être incontinent chassés de ce paradis terrestre, et d’être, eux et toute leur postérité, c’est-à-dire tout le genre humain, assujétis à toutes les misères de cette vie ; et non seulement à toutes les misères de cette vie, mais encore à une réprobation et à une damnation éternelle, qui consiste, suivant la doctrine de cette Religion Chrétienne, à être éternellement rejetté de Dieu, à être éternellement les objets de sa colère et de son indignation, et à souffrir éternellement dans des enfers les suplices et les tourments les plus cruels et les plus effroïables, que l’on puisse imaginer : laquelle damnation éternelle et lesquels suplices tous les hommes généralement, sans exception d’aucun, auroient été obligés de souffrir éternellement, si ce même Dieu, comme disent nos Christicoles, n’eut bien voulu avoir pitié d’eux et avoir la bonté de leur donner un Rédempteur pour les en délivrer, lequel prétendu Rédempteur est, selon nos Christicoles, leur Jésus-Christ, qui étoit un homme juif de nation, fils d’un charpentier, nommé Joseph et