Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roient pas eu la confusion d’être surpris en fraude, comme ils furent, et n’auroient pas eu le déplaisir, d’en porter si tragiquement la peine. Il y a aparence, qu’on ne s’étoit pas encore avisé en ce tems-là d’un si beau secrèt, pour tromper impunément les hommes.

Mais comme ce prétendu beau secret, n’est qu’une invention et une fiction chimérique de l’esprit humain, et que cette fiction ne tend manifestement, qu’à justifier toutes sortes d’idolâtrie et à donner lieu à toute autre semblable imposture, et qu’il n’y a point d’imposteur, qui ne pouroit se prévaloir d’une telle ou autre semblable fiction, si on y avoit égard, et même s’en prévaloir aussi avantageusement et avec autant d’assurance, que celui, qui diroit la vérité ; et que cette fiction chimérique anéantiroit entièrement toute la force de la preuve de l’argument, ou du raisonnement, que faisoient les Prophètes, pour démontrer la vanité et la fausseté des Dieux des Païens, et la vanité du culte de ieurs idoles (lequel argument est néanmoins le plus fort, le plus convaincant et le plus démonstratif, que l’on puisse faire sur tel sujet) il n’est nullement croïable, qu’un Dieu tout-puissant, qui seroit infiniment bon, infiniment sage, voudroit par telle voïe, ou par telle manière se faire adorer des hommes, puisque ce seroit manifestement vouloir les induire en erreur, et leur donner lieu de l’adorer également dans le bois et dans la pierre, ou dans le plâtre, et dans l’or et dans l’argent, ou, si on veut, sous les accidens, ou aparences visibles de ces sortes de choses, comme de l’adorer dans le pain et dans le vin, puisqu’on ne peut nier, dans le sentiment même de nos