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qu’ils ne sont point idolâtres, comme les Païens, qui n’adorent que des images ou des statuës de bois ou de pierres, ou d’or et d’argent et non pas le véritable Dieu ; qu’ils ne prétendent pas, dis-je, alléguer de si vains raisonnemens, pour tâcher de couvrir la hont de leurs idolâtries ; car il est évident, que s’il ne tenoit qu’à dire, comme ils font, que la substance du pain et du vin seroit changée au corps et au sang de leur Christ, et que son âme et sa divinité seroient par concomitance dans ce prétendu saint sacrement, il seroit aussi facile à tous les idolâtres Païens, de dire que la substance du bois en de la pierre et que la substance de l’or ou de l’argent des images et des statuës, qu’ils adorent, seroit véritablement changée au corps et au sang, à l’âme et à la divinité de leur Dieu Jupiter par exemple, ou à la divinité de leur Dieu Mars, de leur Dieu Mercure, de leur Dieu Apollon, de leur Dieu Esculape… etc. et à la Divinité de leur Déesse Cibelle, de leur Déesse Junon, de leur Déesse Cérès, de leur Déesse Minerve, de leur Déesse Diane ou de leur Déesse Vénus… ou même dire, s’ils vouloient, que leurs Divinités se trouveroient véritablement dans leurs images, ou dans leurs statuës, conjointement avec la substance du bois et de la pierre et avec la substance de l’or et de l’argent, dont elles seroient composées, et par conséquent qu’ils ne seroient point idolâtres.

Si les Païens prétendoient justifier par-là le culte de leurs idoles (et il faut bien, en effèt, que ce soit par cette ou autre semblable raison, qu’ils se portent à adorer leurs idoles, car il n’est pas à croire que