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Païens. Et il n’y auroient point d’idolâtres, qui, en se prosternant devant ces idoles de plâtre ou de pierre, d’or ou d’argent, de cuivre ou d’airain, ne prétendroient pouvoir dire, aussi bien que le Docteur Angélique : je vous adore dévotement, suprême Déité, qui êtes véritablement sous ces figures cachée, adoro te devote latens Deitas, quae sub his figuris vere latitas. Ce qui tend manifestement à justifier toutes sortes d’idolâtries.

Mais on pouroit dire, que sous quelqu’autre considération les idoles Païens seroient de meilleure condition et qu’elles seroient préférables à celles des Chrétiens, non seulement parcequ’elles sont plus fermes et plus solides en elles-mêmes qu’elles sont aussi de plus riche et de plus précieuse matière, mais aussi parcequ’elles sont d’une forme, d’une grandeur, et d’une figure plus noble et plus avantageuse, que celle des Chrétiens. Car les idoles des Païens, étant d’une forme, d’une grandeur et d’une figure majestueuse, comme celle par exemple de cette grande statue d’or, dont j’ai ci-devant parlé, ou d’une figure monstrueuse et hideuse, comme quelques autres que les mêmes Païens adorent, elles peuvent par leur forme et figure inspirer des sentimens de crainte ou de respect, au moins dans le coeur et dans l’esprit des ignorans et des simples. Mais les idoles des Chrétiens Romains, n’étant que de foibles et vils petites images de pâte, elles ne peuvent d’elles-mêmes inspirer à leurs adorateurs aucun sentiment de crainte, ni de vénération ; elles ne peuvent résister, pour ainsi dire, deux momens à la pluie, ni au vent, et les moindres bêtes de la