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Voilà, mes chers amis, comme ceux, qui ont gouverné ou qui gouvernent encore, maintiennent les peuples, abusent présomptueusement et impunément du nom et de l’autorité de Dieu pour se faire craindre respecter eux-mêmes, plutôt que pour faire adorer et servir le Dieu imaginaire de la puissance duquel ils vous épouvantent. Voilà comme ils abusent du nom spécieux de piété et de religion pour faire accroire aux foibles et aux ignorans tout ce qu’il leur plait : et voilà enfin comme ils établissent par toute la terre un détestable mistère de mensonges et d’iniquités, au lieu qu’ils devroient s’apliquer uniquement les uns et les autres à établir partout le règne de la paix, de la justice et de la vérité, qui rendroit tous les peuples heureux et contens sur la terre.

Je dis qu’ils établissent partout un mistère d’iniquité ; parce que tous ces ressorts cachés de la plus fine politique, aussi bien que les maximes et les cérémonies les plus pieuses de la religion ne sont effectivement que des mistères d’iniquité. Je dis mistères d’iniquité pour tous les pauvres peuples, qui se trouvent misérablement les dupes de toutes ces momeries-là, aussi bien que les jouèts et les victimes malheureuses de la puissance des grands : mais pour ceux qui gouvernent ou qui ont part au gouvernement des autres, et pour les prêtres, qui gouvernent les consciences, ou qui sont pourvus de quelques bons bénéfices, ce sont comme des mines ou des toisons d’or ; ce sont comme des cornes d’abondance, qui leur font venir à souhait toutes sortes de biens : et c’est ce qui donne à tous ces beaux messieurs le moïen de se divertir et de se