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reformer un si mauvais gouvernement. De sorte que n’y aïant personne qui puisse ni qui veuille ou qui ose s’oposer à tant d’erreurs, à tant d’impostures, et à la tirannie des grands de la terre, il ne faut pas s’étonner, si ces vices règnent si puissamment et si universellement dans le monde. Et voilà comme les abus, les erreurs, les superstitions et la tirannie se sont établis dans le monde.

Il sembleroit, au moins dans un tel cas, que la religion et la politique ne devroient pas s’accommoder, et qu’elles devroient pour lors se trouver réciproquement contraires et oposées l’une à l’autre, puisqu’il semble que la douceur et la pieté de la religion devroient condamner les rigueurs et les injustices d’un gouvernement tirannique ; et qu’il semble d’un autre côté, que la prudence d’une sage politique devroit condamner et reprimer les abus, les erreurs et les impostures d’une fausse religion. Il est vrai que cela devroit se faire ainsi ; mais ce qui devroit se faire, ne se fait pas toujours. Ainsi, quoiqu’il semble que la religion et la politique dussent être si contraires et si oposées l’une à l’autre, dans leurs principes et dans leurs maximes ; elles ne laissent pas néanmoins de s’accorder assez bien ensemble, lorsqu’elles ont une fois fait alliance, et qu’elles ont contracté amitié ensemble : ou pouroit dire qu’elles s’entendent pour lors, comme deux coupeurs de bourses ; car pour lors elles se défendent et se soutiennent mutuellement l’une l’autre. La religion soutient le gouvernement politique si méchant qu’il puisse être ; et à son tour le gouvernement soutient la religion si sote et si vaine