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matérialisme. On ne peut pas attendre d’un croyant qu’il fasse grand cas des œuvres de penseurs de la trempe de notre ami le curé. Mais je constate, par cette tirade, ainsi que par tout ce que la foule innombrable des biographes ennemis a dit de désobligeant pour l’auteur et de défavorable pour ses œuvres, que pas un d’eux n’a jamais démenti les éloges de probité, de simplicité, de désintéressement, de sobriété et de charité, que font de lui les libres penseurs du XVIIIe siècle.

Il existe de la main du Curé Meslier, outre le Testament et les annotations du Traité de Fénélon :

1o. Une liasse de Prônes manuscrits, "que nous avons vus dans la bibliothèque de St. Martin de Laon ; ils sont parsemés de traits hardis ; du reste, ce sont des instructions ordinaires, écrites d’un style rude et incorrect[1]."

2o. La Traduction du Cantique des Cantiques, trouvée dans ses papiers, Manuscrit curieux[2].

Sous le règne de la Convention, le 17 Novembre 1793, Anacharsis Clootz[3], le fougeux démocrate matérialiste, proposa

  1. Bouilliot, Biographie Ardennaise.
  2. Catalogue de Boutdurlin No 1918. Paris 1805, in-8o.
  3. Jean Baptiste de Clootz, baron prussien, naquit à Clèves, le 24 Juin 1755. Il était neveu du savant Chanoine Cornelius Paw, qu’il paraît avoir voulu surpasser par la hardiesse et l’originalité de ses plans de réformation universelle. Devenu, jeune encore, maître d’une fortune considérable, il parcourut successivement l’Allemagne, l’Italie, et l’Angleterre. À Londres, il se lia intimement avec Ed. Burke, un des chefs de l’opposition parlementaire. De retour en France, (où il avait fait ses études) au commencement de la revolution de 1789, il changea ses prénoms contre celui d’Anacharsis et ne tarda pas à se faire remarquer par ses idées republicaines, et par les diverses pétitions que sous le titre d’Orateur du genre humain, il adressait à l’assemblée constituante. Il figura dans l’immense cortège de la fédération de 1790, avec la députation du genre humain, qu’il avait organisée. Il vota la mort de Louis XVI, au nom du genre humain, il fit l’éloge d’Ankerström, et demanda qu’on mît à prix la tête du roi de Prusse ; il offrit de lever à ses frais une légion prussienne, qui prendrait le