Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

procureur et avocat au parlement à Mézières. Des deux exemplaires qu’on trouva dans sa demeure, l’un fut retenu par le grand vicaire de Reims, et l’autre fut envoyé à M. Chauvelin, garde des Sceaux. Le Comte de Caylus eut quelque temps entre les mains une de ces trois copies, et bientôt après il y en eut plus de cent dans Paris, que l’on vendait dix louis la pièce[1].

Le Curé Meslier avait écrit sur un papier gris qui enveloppait l’exemplaire destiné à ses paroissiens, ces paroles remarquables : "J’ai vu et reconnu les erreurs, les abus, les vanités, les folies et les méchancetés des hommes ; je les ai haïs et détestés ; je ne l’ai osé dire pendant ma vie, mais je le dirai au moins en mourant et après ma mort, et c’est afin qu’on le sache que je fais et écris le présent mémoire, afin qu’il puisse servir de témoignage de vérité à tous ceux qui le verront et qui le liront, si bon leur semble."

La bibliothèque du vénérable curé était pauvrement pourvue. La Bible, Moreri, Montaigne, quelques Pères, voilà les principales sources où il puisait ses idées libres sur le Christianisme et sur Dieu. Parmi ces livres, on a trouvé un exemplaire des Traités de Fénélon, archevêque de Cambrai, sur l’existence de Dieu et sur ses attributs, (Paris, Delaulni 1718, in-12, reliure fauve ancien,) suivi des Réflexions du Jésuite Tournemine, sur l’athéisme, avec des annotations en marge signées de sa main. L’exemplaire original était dans la riche bibliothèque de St. Martin de Laon, ordre de Prémontré. Monsieur Ch. Nodier[2] parle de quatre autres exemplaires de cet ouvrage annoté : le premier est porté sous le No 758 au Catalogue de Mirabeau ; le second est indiqué à la page 106 du Tome I du Catalogue de Mr. Renouard, qui ne supposait pas qu’il y en existât d’autres. Le troisième est inscrit, sous le No 935, au cabinet

  1. La Bibliothèque de l’Arsenal en possède deux, sous les No. 129 et 130.
  2. Ch. Nodier, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque ou variétés littéraires et philosophiques. 1829, pages 178–182.