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le Temple de tous les Dieux, qui étoit à Rome, fui par succession de tems, et par l’adresse des Ecclésiastiques, changé en une Eglise, qui est consacrée à tous les saints. Il sembloit en un mot, que le Christianisme n’étoit, en toutes choses, que le Paganisme déguisé. Encore falloit-il croire que c’étoit une fraude pieuse, d’attirer bongré malgré dans le sein de l’Eglise, tant de millions de pécheurs… En quoi on peut véritablement dire, que l’Eglise Romaine a bien autant paganisée de Chrétiens, qu’elle auroit christianisée de Païens. L’Eglise Ethiopienne est un témoin vivant contr’elle ; car les Chrétiens d’Ethiopie ont observé de toute ancienneté, et même du tems des Apôtres, cette partie de la loi de Moïse, qui regarde la pureté et l’impureté et qui prescrit le choix que nous devons faire des viandes, dont il est permis de manger, défendant celles qui sont défendues par cette Loi de Moïse. De là vient, dit cet Auteur, qu’il y a dans ce pays-là plus de Juifs convertis à la Foi Chrétienne, que dans tout le reste du Monde. Les Chrétiens d’Orient sont, ce semble, dit-il, moins condamnables que les Chrétiens Romains ; car, quoiqu’ils n’observent pas aussi ponctuellement, que ceux d’Ethiopie, les loix de la pureté et de l’impureté des viandes et des liqueurs etc., ils ne mangent pas néanmoins de sang, ni d’aucune chose étouffée. Leurs Ecclésiastiques s’abstiennent de toute sorte de chair, durant tout le cours de leur vie, ils observent quantité de purifications et de saintes manières de vivre. Mais les Chrétiens Romains se plongent, dit-il, comme des pourceaux dans toutes