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faites, eussent été véritables. Mais, véritables ou non, les peuples à qui elles s’adressoient, se sont tellement fié aux prétenduës promesses et révélations divines, qu’ils ont cru effectivement, qu’ils étoient le peuple uniquement chéri et choisi de Dieu, et dans cette croïance ils se sont facilement persuadés, que Dieu n’avoit que leur bien et leur bonheur en tête, et que toutes les graces et les bénédictions du ciel leur étoient réservées. C’est pourquoi aussi ceux qui, après ce Moïse se trouvèrent les plus zélés pour la gloire de leur Dieu et pour le maintien de sa prétendue loi, croïant devoir entretenir et même fortifier, dans l’esprit des peuples, des espérances convenables à de si grandes et de si avantageuses promesses, les assuroient toujours que Dieu accompliroit ses promesses. Mais voïant qu’il tardoit toujours à les accomplir, ces zélés s’avisèrent de dire, que les peuples se rendoient indignes, par leurs vices et par leur mauvaise vie, de voir l’accomplissement de tant de si belles et si avantageuses promesses, qui leur avoient été faites de la part de Dieu : C’est pourquoi ils se mirent à déclamer fortement contre leurs vices et contre leurs désordres, menaçant horriblement les peuples et ceux qui les gouvernoient si mal, de rigoureux châtimens de Dieu, s’ils ne s’amandoient et ne se corrigeoient de leurs vices. Et pour donner, en même tems, plus de poids et d’autorité à leurs paroles, ils se sont mis, comme à l’envie les uns des autres, à faire les Prophètes, à forger des révélations et à prophétiser à merveille, tant sur les châtimens temporels que Dieu feroit de leurs vices, que sur les grandes et excessives