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raad avaient de nouveau à subir une épreuve de constance et de fidélité. J’ai parlé ci-dessus de notre vénérable membre Mr. B. le panthéiste-socialiste, qui sans le vouloir, mais toujours un peu par son obstination fanatique à propager ses idées, bongré malgré, était devenu le prétexte, sur lequel on accusait faussement l’Association de n’être qu’un club d’athées, de gens à idée fixe. Eh bien, ce même Mr. B., qui était le plus chaleureux de mes alliés, lorsqu’il s’agissait de faire face au mouvement déiste, qui cherchait à supplanter nos principes larges et rationels de liberté pleine et entière pour toutes les convictions, et qui, une fois le calme rétabli, après la perte d’un grand nombre des membres jadis les plus zélés pour la cause du progrès, n’avait cessé de faire pour son panthéisme, ce qu’il condamnait dans les partisans du déisme ; ce même Mr. B. qui par son fanatisme socialiste avait paralysé long-temps mes efforts dans la lutte contre la partialité et l’intolérance, et m’avait forcé par sa loquacité à refouler en moi les idées personnelles que j’ai sur certains sujets abstraits, comme la vie, etc. de peur de compromettre ce caractère d’impartialité et de respect pour toutes les opinions individuelles, qui font la gloire de notre association, en posant sa conviction et la mienne, si sympathiques en divers points, comme une sorte d’autorité ; ce même homme, loin d’être corrigé par les observations amicales que je lui faisais sans cesse et les marques nombreuses de mécontentement, qu’il recevait à chaque instant de la plupart de nos membres, essaya un dernier effort pour accomplir l’œuvre de nos ennemis et des déistes, ses adversaires, — la destruction de notre association, afin d’ériger sur ses ruines le temple de quelque culte individuel. Après les échecs qu’avaient soufferts ses propositions antérieures, il se jeta dans la route de la diplomatie et s’attaqua à la rédaction des articles fondamentaux de nos Statuts, afin d’ouvrir par là une porte au triomphe de son système ; mais, pénétrant facilement ses vues, je m’opposai à son exclusivisme, comme je m’étais opposé à celui des déistes et lorsqu’il s’obstina à ne vouloir rester membre que moyennant l’adoption des changements qu’il