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duisent point ; ne vous arrêtez pas vainement à des songes, parce que c’est faussement qu’ils prophétisent en mon nom, puisque je ne les ai point envoïes. Enfin ce même Prophète[1], déplorant la destruction malheureuse de Jerusalem, attribue en quelque façon la cause de son malheur à ces faux Prophètes. Tes Prophètes, disoit-il, dans ses Lamentations, tes Prophètes ont eu pour toi des visions fausses et extravagantes ; ils t’ont donné de fausses espérances et ne te découvroient pas ton iniquité, pour te faire entrer dans des sentimens de poenitence, qui auroit peut-être détourné ton malheur. Et Jesus-Christ disoit expressement à ses Disciples[2], qu’il y viendroit de faux prophètes, qui séduiroient beaucoup de personnes, et qui feroient même de si grands miracles et de si grands prodiges, qu’ils seroient capables, si cela se pouvoit, de faire tomber les Elus dans l’erreur ; c’est pourquoi il les avertissoit de s’en donner soigneusement de garde et de ne s’y point laisser séduire. C’est pourquoi les prémiers auteurs, de ces prétenduës Loix divines, sachant bien qu’il étoit facile de se prévaloir ainsi du nom et de l’autorité de Dieu, pour en imposer aux ignorans et aux simples, et prévoïant bien aussi, qu’il ne manqueroit pas d’en venir après eux de semblables à eux, qui voudroient faire comme eux, et qui se disoient aussi bien qu’eux les Prophètes du Seigneur, ils ont ordonné de punir sévèrement ceux qui entreprendroient de faire les Prophètes et de vouloir parler au nom de Dieu, contre ce qu’ils auroient fait et établi. C’est ce que Moïse,

  1. Lament. Jer. 2. 14.
  2. Matth. 24. 4, 11, 24, 25.