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la part de Dieu de lui sacrifier son fils ! Et comment peuvent-ils regarder son obeïssance aveugle, en ce point, comme l’action de la plus grande et la plus héroïque vertu, et par conséquent comme l’action la plus digne des graces et des bénédictions de Dieu ? Cela se confond et se détruit de soi-même, et il ne seroit pas besoin d’en dire davantage, pour faire voir la fausseté de ces prétenduës révélations divines, vu d’ailleurs, qu’il est marqué dans plusieurs de ces susdits prétendus saints livres des Prophètes, que Dieu commençoit à réprouver ces sortes de sacrifices cruels et sanglans : témoin ce qui est dit dans le prophète Esaie, qui parloit aux Juifs, comme si c’étoit Dieu lui-même, qui leur parlât. Qu’ai-je à faire, leur disoit-il de la part de Dieu, qu’ai-je à faire de la multitude de vos victimes ? Je suis saoul de vos holocaustes, je suis dégouté de la graisse et du sang de vos boeufs, de vos moutons, de vos veaux, de vos agneaux et de vos boucs[1]. Ne m’offrez plus en vain de tels sacrifices ; vos encens me sont en abomination ; je haïs vos fêtes et vos solemnités et je ne saurois plus les suporter. La même chose se trouve, presque dans les mêmes termes, dans le prophète Jeremie[2] et dans le prophète Amos[3], et dans le Pseaume du Roi David, que nos Christicoles chantent tous les jours dans leurs Églises, il est dit que Dieu parloit au même Peuple en cette sorte : pensez-vous, leur disoit-il, que je mangerai la chair des taureaux et que je boirai leur sang ? Comme s’il leur eut dit, se pouroit-il faire que

  1. Isaïe 1. 11.
  2. Jérémie 6. 20.
  3. Amos 5. 21, 22.