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leur Diane par bourrellement des jeunes garçons, qu’ils faisoient fouetter en sa faveur, souvent jusqu’à la mort. La Réligion, dit-il, étant capable d’inspirer tant de si grandes et si cruelles méchancetés aux hommes, tantum Religio potuit suadere malorum. C’étoit, continue-t’-il, une humeur bien farouche, de vouloir gratifier l’Architecte de la subversion de son bâtiment, et de vouloir garantir la peine, dûë aux coupables, par la punition des non-coupables, et que la pauvre Iphigenie déchargeât, dit-il, par sa mort, et par son immolation, l’armée des Grecs des offenses qu’ils avoient commises : et ces deux belles et généreuses ames des deux Décius, père et fils, allassent se jetter à corps perdu à travers le plus épais des ennemis pour propitier la faveur des Dieux envers les affaires Romaines[1]. Quelle pouroit être, dit-il, à cette occasion ? quelle pouroit être cette monstrueuse iniquité des Dieux, de ne vouloir s’apaiser en faveur du peuple Romain que par la mort de ces deux grands hommes ? Quae fuit tanta Deorum iniquitas ut placari populo Romano non possent nisi tales viri occidissent ? Quelle folie dans les hommes de croire que les Dieux ne pouroient s’apaiser que par la mort violente des innocens ? Quelle folie, dis-je, et quel aveuglement en eux d’avoir de telles pensées et de croire religieusement exercer tant de si exécrables cruautés ? Voilà néanmoins ce que la Religion inspire, voilà ce que la folle croïance des Dieux fait faire, tant il est vrai de dire que la Religion même aprend souvent des méchancetés aux

  1. Essai de Montagne, p. 490.