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XIV

À dater de ce jour, il se déclara ouvertement l’ennemi juré de l’Association, il lui suscita des disputes, il dénatura des faits pour porter des accusations ignobles contre la direction, dans l’espoir de lui faire perdre la confiance de l’assemblée ; il nous menaça de détruire l’Association et à ce dessein il empêcha l’insertion de nos rapports dans la Revue "de Dageraad" dont il était un des redacteurs, il raya tout ce qui avait rapport à nous dans les articles qu’adressaient à la direction de cette Revue jusqu’aux plus éminents de ses collaborateurs, il nous attaqua ouvertement dans ses propres essais, espérant par là nous porter à une reponse inconsidérée qui, par son aigreur et son caractère de personnalité, compromettrait la cause du progrès en général et nous-mêmes en particulier. Il détourna nos amis de leur projet de visiter nos assemblées, en se faisant des discours panthéistes de notre vieux Mr. B. un prétexte pour nous accuser de n’être qu’un club de fanatiques, qui ne craignaient pas d’arborer ouvertement l’étendard de l’impartialité, de la liberté individuelle, et de la coopération mutuelle, tout en mentant à leur devise, et pour ne prêcher sous main que l’athéisme, c’est-à-dire un de ces mille systèmes individuels qui, érigés en dogmes, divisent l’humanité en autant de camps ennemis. Et pour mettre le comble à son œuvre hostile, il ne se gênait pas pour dire à quiconque lui demandait des renseignements sur l’association "de Dageraad," que cette association avait cessé d’exister.

Tous ces manèges, bien qu’impuissants pour nous tuer, nous faisaient des torts immenses ; les mensonges qu’on aurait repudiés avec dédain, s’ils étaient provenus du parti adverse, furent acceptés comme des vérités indubitables, maintenant que c’était un des principaux apôtres du rationalisme qui les débitait ; — presque tous les membres correspondants que nous avions dans la province prêtèrent l’oreille à ses calomnies et nous retirèrent leur coopération. Ce fut un véritable temps d’épreuve pour nous que ce temps-là. Notre courage, notre activité et le sentiment de notre valeur morale nous préservè-