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bloit, qu’il l’eut fait Seigneur de toutes les créatures qui lui obéissoient entièrement, le feu, l’air, l’eau et la terre, la mort, les animaux, les hommes et les diables étoient sujèts à la volonté de ce S. Personnage, car il délivra, dit-on, plusieurs possédés, rendit la vûë aux aveugles, fit parler les muèts, guérit les maladies incurables, ressuscita les morts, les élemens même lui obéissoient ; le feu perdit sa force envers lui, marchant dessus et le tenant en ses mains sans se brûler. Il entra, dit-on, dans une fournaise ardente et en éteignit les flammes, qui ne l’osérent toucher ; il passa la mer de Calabre jusqu’en Sicile, lui et son compagnon, sur son habit qu’il avoit étendu sur les eaux pour leur servir de barque assurée, et avec cela eut encore le don de Prophétie, et une infinité d’autres semblables miracles, qu’il seroit trop long de raporter ici. Enfin il n’y a sujèt si vain et si frivole et même si ridicule, là où les auteurs de ces vies des saints ne prennent plaisir d’entasser miracles sur miracles, tant ils sont habiles forgeurs de ces beaux mensonges.

Voici comme un auteur judicieux parle de ces auteurs et de leurs pieuses et fabuleuses histoires de la vie de leurs saints ; et son autorité ne doit pas être suspecte à nos Christicoles, puisqu’il étoit lui-même de leur prétendue sainte Religion, Catholique, Apostolique et Romaine. Voici ce qu’il dit dans son Apologie des Grands Hommes[1] : « Tous les Historiens, dit-il, excepté ceux qui sont parfaitement hérétiques, ne

  1. Apolog. des Grands Hommes, Tom. 1, pag. 13.