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prend pas quelquefois dans des déguisemens, où engagent nécessairement la vanité et la légereté, si pour faire un meilleur conte, il ne lui échape pas souvent d’ajouter à un fait qu’il récite une circonstance qui y manque. Une chose arrive aujourd’hui et presque sous nos yeux, cent personnes qui l’ont vûë la racontent en cent façons différentes : celui-ci, s’il est écouté, la dira encore d’une manière qui n’a pas été dite Quelle créance donc, poursuit ce judicieux Auteur[1] quelle créance pourrois-je donner à des faits qui sont si anciens, éloignés de nous par plusieurs siècles ? Quel fondement dois-je faire sur les plus graves Historiens ? Que devient l’Histoire ? Caesar a-t-il été massacré au milieu du Sénat ? Y a t-il eu un Caesar ? Quelle conséquence me dites-vous ? Quel doute ! Quelle demande ! Vous riez, dit-il, vous ne me jugez pas digne d’aucune réponse, et je crois même, ajoute-t-’il, que vous avez raison. Je supose néanmoins, continue-t’-il, que le Livre qui fait mention de Caesar, ne soit pas un Livre profane écrit de la main des hommes qui sont menteurs, trouvé par hazard dans les Bibliotheques parmi d’autres manuscrits qui contiennent des Histoires vraïes ou apocrifes, qu’au contraire il soit inspiré saint et divin, qu’il porte en soi ces caractéres, qu’il se trouve depuis près de deux mille ans dans une societé nombreuse qui n’a pas permis qu’on y ait fait pendant tout ce tems-là la moindre altération et qui s’est fait une religion de le conserver dans toute son intégrité, et qu’il y ait même un engagement

  1. Caract. Ch. des ouvrages d’esprit 8.