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contraire bien plus d’aparence de croire qu’il n’étoit véritablement qu’un insensé fanatique, et ainsi que le Christianisme n’étoit dans son commencement qu’un pur fanatisme ; c’est ce que j’ai dessein aussi de faire plus amplement voir dans la suite.

Secondement on leur répondra que les mêmes livres qui parlent par exemple des miracles de Moïse, parlent aussi des miracles des Magiciens de Pharaon, et disent expressément que les Magiciens faisoient les mêmes miracles, c’est à dire les mêmes choses que faisoit Moïse, feceruntque similiter etc. Cela étant, nos Christicoles ne sauroient nier que ces prétendus miracles ne se fassent aussi bien par les méchans que par les bons, et qu’ils ne se fassent aussitôt en faveur du vice et du mensonge, qu’en faveur de la vérité et de la vertu, et par conséquent il est clair et évident que ces prétendus motifs de crédibilité ne sont point des preuves ni des témoignages assurés de la vérité. Il ne serviroit de rien de dire, comme ils font ordinairement, que les Magiciens de Pharaon furent enfin vaincus par Moïse et qu’ils ne purent plus lui résister, cela pouroit bien être ; mais il ne s’en suit pas de-là, comme j’ai dit, que son pouvoir ait été plus surnaturel et divin que celui des Magiciens, puisqu’il y a dans toutes sortes d’Arts et de Sciences des ouvriers plus habiles et plus subtils les uns que les autres. Et d’ailleurs si Moïse dans cette occasion a vaincu les Magiciens, il auroit peut-être pû être lui-même vaincu par eux dans une autre, ou vaincu par quelques autres Magiciens plus habiles que lui s’ils se fussent trouvés dans la même occasion ; et