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rend et plus misérables et plus malheureux que n’auroit pû faire une méchante guerre, tot et tanta mala pacem apellant[1]. Enfin disent les mêmes Livres de la Sagesse, le culte et l’adoration de ces détestables idoles est la cause, le commencement, le progrès et le comble de tous les vices et de toutes sortes de méchancetés : infandorum enim idolorum cultura omnis mali causa est et initium et finis[2].

Tous ces temoignages que je viens de raporter nous font clairement voir non seulement que toutes les Religions, qui sont ou qui ont été dans le monde, ne sont et n’ont jamais été que des inventions humaines ; mais ils nous font encore clairement voir que toutes les Divinités que l’on y adore ne sont que de la fabrique et de l’invention des Hommes, et que c’est de l’adoration même de ces fausses Divinités que procédent tous les grands maux de la vie : omnis mali causa est et initium et finis. Et ce qui confirme d’autant plus cette vérité, c’est que l’on ne voit nulle part qu’aucune Divinité se soit publiquement et manifestement montrée aux Hommes, ni qu’aucune Divinité leur ait publiquement et manifestement donné par elle-même aucune loi, ni fait aucun précepte. « Regardez, dit le Sr Montagne[3], le Registre que la Philosophie a tenu deux mille ans et plus des Affaires célestes : les Dieux, dit-il, n’ont jamais agi, n’ont parlé que par l’Homme et même par quelques Hommes particuliers ; encore n’était-ce qu’en secrèt et comme en cachète ;

  1. Sap. 14. 22.
  2. ibid. 14, 27.
  3. Essai pag. 501 liv. 2. Ch. 12.