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mettoit les Dieux infernaux, les maladies et toutes sortes de pestes, de la crainte que l’on en avoit. De ces superstitions, dit le même auteur, sont sortis les temples de la fièvre, qui fut fondé et consacré au Palais, et celui d’Orbona qui faisoit mourir les petits enfans. Auprès du temple des genies et esprits familiers, continue-t-il, est le temple de mauvaise fortune, qui est sur le mont Esquilin : et par ainsi ce n’est pas merveille si l’on trouve plus de Dieux au ciel que d’hommes sur la terre, attendu, dit-il, que chacun forge autant de Dieux que sa fantaisie lui porte et que les hommes prennent et choisissent pour patrons plusieurs Dieux auxquels ils donnent les noms et titres de Jupiter, de Saturne, de Junon, de Mars et de quantité d’autres : car anciennement, dit ce même auteur, on avoit coutume de colloquer au rang des dieux ceux ou celles, qui s’adonnoient particulièrement à bien vivre au monde, en signe de reconnoissance de leurs bienfaits. Et de là sont venus tous les différens noms des dieux et des déesses, que les Romains ont adorés sous les noms de Saturne, de Jupiter, de Mars, de Mercure, d’Apollon, d’Esculape etc., et sous ces autres noms de déesses, qu’ils adoroient sous les noms de Junon, de Diane, de Pallas, de Minerve, de Vénus, de Céres ; car il est certain que toutes ces belles divinités-là ne sont que des productions de la vanité et de la sotise des hommes, et il s’est trouvé même des nations si prodigieusement aveuglées dans la superstition, qu’ils ont attribué la divinité à de vilaines et sales bêtes, comme à des chiens, à des chats, à des moutons, à des bœufs, à des serpens etc., et même à des choses inanimées,