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clémence, de son innocence et de sa modération au gouvernement de la république. L’empereur Hadrien suporta avec tant de douleur la mort d’Antinoüs qu’il aimoit tendrement, qu’il fit bâtir une ville, qu’il nomma du nom de ce favori : Antinopolis, lui dédia des autels et des statues comme à un Dieu et emploïa toutes les plumes de la Grèce à célébrer ses louanges ; et même la flatterie passa si avant, que pour lui complaire, les grecs l’aïant mis au rang des Dieux, publièrent qu’il rendoit des oracles dans son temple : et pour comble de vanité osèrent assurer que son ame avoit été changée en une étoile qui s’étoit montrée dans le ciel incontinent après sa mort : à raison de quoi Hadrien qui étoit bien aise de voir flatter sa passion, nomma cette étoile l’astre d’Antinoüs, et aima grandement ceux qui donnèrent cette misérable consolation à sa douleur, Hist. Rom. Tom. 3, pag. 108. Du tems de l’empereur Claude, Simon le Magicien étant venu à Rome, y entra en tel crédit par ses impostures et ses illusions qu’on lui dressa une statue avec cette inscription à Simon Dieu saint. L’empereur Auguste, dit le Sr. de Montagne[1] eut plus de temples que Jupiter et fut servi avec autant de religion et croïance de miracles. Le roi Herode s’étant un jour revêtu de ses habits roïaux, faisant sa harangue à son peuple, étant assis sur son trône, le peuple fut si charmé de son éloquence et de l’éclat de sa majesté qu’il le regardât comme un Dieu et s’écriât en disant : c’est là le discours d’un Dieu et non pas d’un homme, dei voces et non hominis[2]. Enfin c’étoit l’or-

  1. Ess. de Montag. Liv. II, Ch. 12, p. 498.
  2. Act. XII, 21, 22.