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ces beaux spectacles de fêtes et de sacrifices, et que toutes les autres pratiques de religion et de dévotion, qui se font en leur honneur. Toutes ces choses, dis-je, ne sont que des inventions humaines, qui ont été, comme j’ai déjà marqué, inventées par de fins et rusés politiques, puis cultivées et multipliées par de faux prophêtes, par des séducteurs et par des imposteurs ; ensuite reçues aveuglement par des ignorans, et enfin maintenuës et autorisées par les loix des princes et des grands de la terre, qui se sont servis de ces sortes d’inventions, pour tenir plus facilement par ce moïen-là, le commun des hommes en bride et faire tout ce qu’ils voudroient ; car dans le fond toutes ces inventions-là ne sont que des brides à veaux, comme disoit le Sr. de Montagne[1], mais elles ne servent qu’à brider l’esprit des ignorans et des simples. Les sages ne s’en brident point, et ne s’en laissent point brider ; parce qu’il n’apartient en effet qu’à des ignorans et à des simples d’y ajouter foi, et de se laisser conduire par-là. Et ce que je dis ici en général de la vanité et de la fausseté des religions du monde, je ne le dis pas seulement des religions païennes et étrangères, que vous regardez déjà comme fausses, mais je le dis également de votre religion chrétienne, que vous apellez catholique, apostolique et romaine, parce qu’en effet elle n’est pas moins vaine ni fausse qu’aucune autre ; parce qu’il n’y en a peut-être point de si ridicule, de si absurde dans ses principes et dans ses principaux points que celle-là, ni qui soit si contraire à la na-

  1. Essai de Montagne, Livr. II, Ch. VI, pag. 345.