Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’était jamais qu’avec peine, et avec une extrême répugnance, que je le faisois ; c’est pourquoi aussi je haïssois grandement toutes les vaines fonctions de mon ministère, et en particulier toutes ces idolatriques et superstitieuses célebrations de messes, et ces vaines et ridicules administrations de sacremens, que j’étois obligé de vous faire. Je les ai mille et mille fois maudites dans le cœur, lorsque j’étois obligé de les faire, et particulièrement lorsqu’il me falloit les faire avec un peu plus d’attention et avec un peu plus de solemnité qu’à l’ordinaire : car voïant pour lors que vous vous rendiez avec un peu plus de dévotion à vos Églises, pour assister à quelques vaines solemnités, ou pour entendre avec un peu plus de dévotion, ce que l’on vous fait accroire être la parole de Dieu même, il me sembloit que j’abusois plus indignement de votre bonne foi, et que j’en étois par conséquent d’autant plus digne de blâme et de reproche ; ce qui augmentait tellement mon aversion pour ces sortes de vaines cérémonieuses fonctions, que j’ai été cent et cent fois sur le point de faire éclater publiquement et indiscrètement mon indignation, ne pouvant presque plus dans ces occasions-là cacher mon ressentiment, ni retenir dans moi-même l’indignation que j’en avois. J’ai cependant fait en sorte de la retenir, et je tâcherai de la retenir jusqu’à la fin de mes jours, ne voulant pas m’exposer durant ma vie à l’indignation des prêtres, ni à la cruauté des tyrans, qui ne trouveroient point, ce leur sembleroit-il, de suplices assez vigoureux, pour punir une telle prétendue témérité. Je suis bien aise, mes chers amis, de mourir aussi paisiblement que j’ai vécu, et d’ail-