Page:Le Talisman morceaux choisis 1832.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

cède pas à l’autre : la passion détruite, — c’est le néant. Entre nous, rien désormais !

Amour ! tu es bien petit dans un cœur d’homme, puisque, même quand tu es vrai, tu es si prompt à oublier !

Celle qu’il aime ! elle est jeune sans doute, belle, radieuse ; — dans ses yeux, la joie et son ivresse ; sur sa bouche, le sourire et son charme Mais bientôt après la satiété, — elle deviendra pâle aussi, languissante et triste ; — ses yeux seront rouges, ses joues creuses, sa voix tremblante, les larmes la tueront aussi.

Oh ! qu’elle le sache de moi, si je la connais un jour ! qu’elle éprouve d’avance la torture de la crainte ; qu’elle connaisse la dureté avec laquelle il rejette un cœur dont il ne veut plus, et qu’elle tremble ; car son avenir est le mien. Elle rit de moi, l’insensée ! ignorante qu’elle est de ce qui la menace ! Elle vit d’illusions : les illusions sont si douces ! Et le réveil, qui vient toujours, viendra pour elle ; il l’oubliera aussi !

Il l’oubliera… et que m’importe ? Il ne reviendra pas à moi. Il ne sait pas que rien n’altère une vraie tendresse de femme, et qu’à sa voix, à son regard, à son seul désir, ma vie serait encore toute à lui. Il ne sait pas qu’un ressentiment est impossible à l’ame qui aime ; que je voudrais pouvoir le haïr ; — car alors je ne pleurerais plus.

De la haine ! si j’en puis avoir ! c’est pour celle qu’il