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PENSÉE.


Non, ce n’est pas une vaine illusion que la magie de souvenirs ; non, l’ame ne se ferme pas à ce qui s’éloigne d’elle après l’avoir fait vivre de bonheur. Mais ce souvenir est-il toujours un bien ? — Si doux !… si amer !… si doux quand on est heureux, — lorsqu’au souvenir se mêle l’espoir, lorsqu’on peut se dire : C’était hier, — ce sera demain ! — Si doux, quand l’ame tranquille est encore pleine des émotions qu’il retrace, quand il provoque un soupir qui n’amène pas de larmes ! — Si amer, lorsqu’il apparaît comme le spectre de ce qui n’est plus, après l’avoir évoqué doux et consolant ; si rien ne répond ; s’il faut se traîner à genoux devant une ombre qui fuit, lui tendre les bras sans pouvoir la saisir, et se retrouver seule !…

C’est là ce souvenir dont le poids écrase ! — c’est là ce souvenir qui tue !