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la petite Jeannette à côté d’elle… Quelle fat sa surprise en voyant, bientôt après, le jeune comte de l’autre côté ! — Marie était agenouillée devant sa chaise où elle avait jeté son blanc mouchoir ; elle priait Pendant l’élévation, quand tous les fronts s’inclinent, vers le pavé de l’église, le jeune homme montra la bague à Marie, et la glissa vivement dans les plis du mouchoir.

La charmante fille, toute émue, entendit bientôt après un soupir étouffé ; c’était le pauvre jardinier, à genoux derrière Jeannette ; il frémissait, et regardait le comte d’un œil menaçant. La sainte lithurgie se poursuivait ; le bon prêtre, se retournant vers ses humbles paroissiens, leur disait : « — Allez, la messe est dite : que le Seigneur soit avec vous. » — Le jeune jardinier montra, d’une main tremblante, à la petite Jeannette une image à mettre dans un livre pieux : elle représentait la cérémonie du mariage Son regard suppliant interrogeait celui de Marie, et semblait dire : « — Prenez, car je n’ose vous l’offrir. »

Elle ouvrit alors sou livre d’Heures a la messe du mariage, et y plaça la gravure ; puis, saisissant un des coins de son mouchoir, elle le secoua dédaigneusement, et la bague alla rouler aux pieds du comte.

Un mois après, Marie était la femme du jardinier, et le comte n’allait plus au château.

Voilà tout ce que je sais de Marie ; sans doute si je la voyais aujourd’hui qu’elle est mère de trois enfans,