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et malgré les ordres du séducteur, il ne voulut pas s’éloigner : le soir même il fut chassé.

Le dimanche suivant, la cloche tintait, les paysans se rendaient à cette modeste église, où leurs genoux se pliaient devant un autel paré des vertus évangéliques de leur bon curé. La messe sonne encore, mais d’un son plus vif et plus affaibli ; Marie sort de sa cabane avec sa vieille grand’mère ; a la porte, elle rencontre la petite Jeannette, sa sœur, qui n’a que cinq ans, et promet d’être belle aussi ; c’est dans le sang !… Elle joint ses petites mains élevées, et dit : « Marie, je veux, moi aussi, aller à la messe ; grand’maman, emmène-moi. » La vieille sourit en secouant la tête : « — Promets-tu d’être bien sage ? — Oh ! oui. » Et elles cheminent lentement toutes les trois, l’enfance qui s’ignore, la jeunesse qui espère, la vieillesse qui s’éteint.

Marie était toute soucieuse, et la bouderie sur ses lèvres était un charme de plus : mais elle pensait au jeune jardinier qui s’était fait chasser pour elle ; il possédait quelques arpens de terre, et il était rangé économe, beau garçon — Le comte brillait, riche et séduisant : Il parlait de Paris, d’équipages, d’un somptueux appartement !… Marie était toute soucieuse.

Quand elle entra dans l’église, elle répondit à peine aux saints des garçons et aux signes de ses bonnes amies, elle se mit à genoux dans une allée ; sa grand’mère et