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À LUCRETIA DAVIDSON.

Je suis leur écho triste, et leur plainte m’arrive ;
Près de moi, loin de moi, j’ai des larmes pour eux !

Ô que d’êtres charmans, étonnés de la terre,
Ne sachant où porter leur ame solitaire,
Malades de la vie, altérés d’en guérir,
Au milieu de leurs jours s’arrêtent pour mourir

Tu pleurais de l’entrave attachée à tes ailes ;
Toi ! la nuit suppliante en regardant les cieux,
Sur ton astre tremblant aux pâles étincelles.
D’un sommeil envolé tu consolais tes yeux ?

Eh bien ! ton front poète est éteint sous l’argile ;
Ton ame est échappée à sa prison fragile ;
Un tissu délicat se brise sans effort :
Ainsi l’œuf au soleil éclate après l’orage,
L’ange qu’il enfermait a ressaisi l’essor,
Et ton dernier soupir fut un cri de courage !
Ne demandais-tu pas ce repos virginal ?
Sur ta tombe attirante un oiseau matinal
Ne va-t-il pas verser quelque suave plainte,
Douce comme ta voix ! ta douce voix éteinte !
La rosée en tombant de ton jeune cyprès
Ne baigne-t-elle pas ton sommeil calme et frais ?