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amèneront la dernière ; et auxquelles le repos éternel succédera !… Elle ne conçoit pas nos larmes ; la résignation est pour elle une chose si simple, qu’elle s’étonne de ne la pas voir pratiquer autour d’elle. Vouée à ses saints devoirs depuis son enfance, séparée d’une famille qu’elle a quittée volontairement pour suivre une vocation qui lui ordonne de tout oublier, hors Dieu et le malheur du prochain, sœur Ursule ne peut savoir tout ce qu’il y a de déchirant dans la perte d’une amie parfaite, qui partagea nos peines et se réjouit de nos rares plaisirs ! Cependant son amc angélique ne blâme pas des pleurs qui l’élonnent ; ses lèvres pures n’articulent que des paroles consolantes ; mais dans un tel moment, elles sont sans effet ! Plus tard, nous nous les rappellerons sans doute, pour nous aider à supporter une séparation sans fin ; en présence de l’agonie d’un être chéri, conservant cette sensibilité exquise qui la fit aimer et troubla sa vie, rien ne peut donner la force que le temps accorde : il faut pleurer !

Comment peindre ce qui se passait en moi, lorsque, pour la première fois, j’étais témoin d’un spectacle si pénible et si solennel !… cette mourante, si courageuse, si soumise à l’arrêt qu’elle a voulu connaître, a été constamment pour moi bonne, obligeante et dévouée ! Peu de jours avant, elle était encore brillante, et recherchée pour son esprit piquant, dans le salon de madame la comtesse de Balbi, où la médiocrité ne sait-