Bretagne, ſ’êtant noyé, touts les peſcheurs y ont eu comme auparavant un accès egal, les iers arrivés ſe plaçant aux endroits les plus avantageux ſans qu’aucun dans la ſuitte puiſſe luy diſputer la place qu’il a choiſie.
Cette iſle eſt presque toute couverte de montagnes, les arbres qui y croiſſent ſont Pins, Sapins, Bouleaux & autres de peu de valeur, mais la plupart des terres ſe trouvent ſans bois, couvertes ſeulement de mouſſe. Il ſ’y trouve beaucoup de cerfs, lapins, gelinottes que l’on appelle improprement perdrix, beaucoup de loups dans les bois et de loups marins dans la mer, dont les habitants vivent l’hyver. L’hyver y eſt long de quatre à cinq mois.
Sauvages Esquimaux.Il ne se trouve point de Sauvages en cette iſle que les Eſquimaux qui traverſent de La Brador. Ce trajet n’eſt que de 8 ou 10 lieuës ; encore ſe voit-il au milieu une grande Iſle appellée Belle-Iſle. Nos marchands de Québec ont demandé cette année 1689[1] les terres de Labrador & celles de Terreneuve qui la regardent afin de lier ſi ils peuvent un commerce avec les Eſquimaux. Juques à preſent ces Sauvages ont été ſi barbares & farouches qu’ils n’ont point épargné les Européens quand ils ont pu les ſurprendre à terre hors de leur navires. Leur trafiq ne conſiſte qu’en la peau de loup marin, qu’ils tuent fort adroittement en
- ↑ Cette date fixe l’année où notre historien écrivait.
