Page:Le Sylphe galant et observateur, 1801.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 159 )

Prévoyant d’une Agnès le timide embarras,
Les refus attirans, les aveux délicats,
Des curiosités, des terreurs et des larmes,
Une lutte amoureuse et d’aimables combats,
Du plaisir, de la peine, une pudeur secrète,
Et le triomphe et la débute,
Et tout ce qui s’en suit dans les premiers ébats.

Reste à réaliser ce qu’ici l’on soupçonne.
Minuit est déjà loin… Dieux ! quel instant fatal !
Nous voilà, tenez, j’en frissonne,
Dans l’appartement nuptial.
Peut-être en ce moment mon effroi vous étonne !
Mesdames, chacun sent son mal,
Et le mien n’en fait à personne.

La foule a disparu, les lustres sont éteints.
Le flambeau de l’hymen, qui tient lieu de bougies,
Laisse échapper ses rayons clandestins
Sur les graces d’Issé, par ses feux embellies.
Entre quatre rideaux, tête à tête charmant,
Aimable obscurité, voluptueux silence,

O 2