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Dans l’antre où, plein de rage, il a traîné Cypris,
Les amours ont jetés de lamentables cris ;
La dryade des monts a frissonné de crainte ;
Éole soupirant a fait mugir sa plainte.
La déesse ignorait que d’un tigre en courroux,
L’enveloppe cachât son immortel époux.
Prêt à la déchirer, le monstre en sa colère,
Disperse, les débris de son deuil adultère.
Cent charmes que le crêpe avait ensevelis,
De désordre, d’effroi, de pâleur embellis,
Prêtent leur doux éclat à la tendre victime :
Ses soupirs, ses sanglots, le dirai-je sans crime ?
Du dieu changeant soudain les fureurs en plaisirs,
Allument dans ses yeux de féroces desirs.
Tout-à-coup il rugit, il s’élance et sur elle,
Roule d’affreux regards où sa flamme étincelle.
Déjà sa dent aigue et ses ongles sanglans
Ont insulté son sein et pénétré ses flancs.
En proie aux feux cruels de son époux sauvage,