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REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS 3o. Fleurs de Mai, tel est le titre de ce recueil composé de 18 pièces. Tout d'abord, je me hâte de dire que sur ce nombre j'en ai trouvé cinq qui m'ont paru tout à fait charmantes, et je ne puis résister au plaisir d'en citer les titres. Ce sont : La chanson des feuilles; Elle; Avril; Le lac; A vous. J'ignore absolument quel est l'âge de l'auteur, mais je dis avec certitude que c'est là l'ouvrage de ce que l'on est convenu d'appeler « un jeune ». C'est le premier livre, peut-être, d'un poète à ses débuts, dont les coups d'essais ne sont malheureusement pas toujours des coups de maître. La poésie de Fleurs de Mai est simple et fraîche comme une brise matinale de Mai, je me plais à le reconnaître; elle ne se ressent en rien du pessimisme débordant de nos jours, et sa naïveté même fait quelquefois son charme; mais, on sent à certains passages la facture et le voulu. Le cherché obligatoire des rimes ou des hémistiches vient quelquefois gâter des strophes d'une assez belle envolée. Et puisque je me suis méchamment lancé dans le chapitre des reproches, pourquoi donc glisser un malencontreux « Hiver » au milieu des « Fleurs de Mai » ensoleillées ? ? ? Néanmoins, on éprouve à lire cette petite brochure un véri table plaisir, car on y sent la persistance de la même idée sereine et douce. C'est une idée gaie de jeunesse, une idée de poète amoureux de ses illusions, qui a présidé à la naissance de ce livre, et peu de nouveaux-nés d'aujourd'hui pourraient se vanter de la même bonne fortune. La première pièce qui sert d'introduction va d'ailleurs nous en donner un aperçu : A L'AIMÉE. Le fier nautonier qui sur l'eau, Vogue la nuit à pleines voiles, Amie, a besoin des étoiles Pour guider son frêle vaisseau. A travers notre sombre vie, Dans ses sentiers mystérieux, Il me faut un guide et tes veux Sont mes étoiles, ô ma miel Telle est toute la pensée de notre collègue Auguste Thouard, l'amour, la jeunesse et le Printemps se retrouvent à chaque instant sous sa plume et on les sent palpiter en lui au bout de chaque rime. Et, comment ne pas aimer cette poésie-là quand, comme nous tous, on a dans le cœur l'amour de tout ce que vient éclore les vingt ans au gai soleil printanier de l'espérance. Grenoble, 5 mai 1887. C. NIEMAND.