Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

der en remords. Nul crime dont il ne me croie capable.

Je lui dis en deux mots à son entrée chez moi :

— Deux femmes ennemies se sont rencontrées tout à l’heure ici. L’une a usé sur l’autre du poignard. Viens voir la plaie, et dis-moi ce qu’il en faut penser ?

Il s’approcha du lit, tira le drap et cligna devant ce corps nu, où la blessure riait en rouge sur un fond jaune à la fois et lacté.

Il me murmura à l’oreille :

— Fichue !

Ensuite, il ouvrit sa trousse et sonda. Sa tête balançait de droite à gauche, mi-crainte mi-espoir.

Il fit la moue au bout de trois minutes et écouta ensuite, l’oreille sur cette poitrine à peine soulevée d’un souffle infime. Et dire que je fus presque jaloux de cette posture familière sur un corps qui pourtant ne m’appartenait pas.

Il compta le pouls et fit à nouveau la grimace :