Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

May s’en va… Me voici debout. Je cours pour la rattraper et bute dans un corps étendu.

La femme rousse gît à terre, couleur de cire, avec un beau poignard en pleine poitrine.

Depuis mon réveil, plusieurs doses d’ahurissement m’ont été offertes, mais, cette fois, je suis au degré optime. Je reste là, debout, à regarder ce cadavre ; j’ai la tête vide et les yeux fous.

D’un coup, l’affaire prend un aspect redoutable. À Venise, au quatorzième siècle, c’eut été une aventure banale. Mais à Paris, aujourd’hui ? Me voilà soudain sur les bras une affaire criminelle, dans laquelle, d’un coup de réflexion, je devine que mon innocence devra sembler des plus improbable.

Ce n’est pas drôle. Je prévois que, bientôt, j’habiterai la paille humide des cachots, inculpé du meurtre d’une femme rousse. C’est peut-être là une circonstance aggravante…

Et malgré tout, car je suis écrivain, et je m’analyse, je consens à admirer le spectacle