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qui tira un coup de revolver sur le taxi où j’emmenais ma conquête… Et quelle conquête…

Le sang-froid me revient, et une lancinante humiliation de me voir en cette posture de colis vivant, devant une femme à laquelle je rêve malgré moi depuis deux jours.

Je la regarde avec âpreté. Elle me dévisage à son tour. Je suis étendu. Il fait fort chaud et c’est le plein été. Si, comme il semble, elle a opéré ici seule — et avec quelle audace ! — c’est à l’extrême chaleur que je dois d’avoir pu être découvert et attaché s’en m’en être aperçu. Je vois d’ailleurs les cordelles fortes et bien serrées, qui attestent l’impossibilité d’un prompt dégagement. Elle sait ligoter un homme, cette rouquine ! Enfin, elle prend la parole. Sa voix, sèche, claque et méprise :

— Dites donc, il me semble que vous avez en ce moment une belle bobine d’imbécile…

Je réponds :

— Vraiment ?