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che toucha le radiateur. Et sitôt cet obstacle dépassé, d’un crochet je me mis à filer vertigineusement le long de la file des camions.

Comme je tournais, une balle de revolver me siffla aux oreilles. Trop tard d’un dixième de seconde.

J’entendis alors des cris et des appels. Inutiles. Je m’étais jeté dans une ruelle accrochée à la grande avenue et filais comme un lièvre, dans l’étonnement apeuré des gens. Au premier croisement je ralentis et me mis à marcher au pas, puis un taxi passa, je le pris et me vis sauvé.

Or, l’homme qui m’arrivait dessus ce jour-là, à gauche, l’assaillant de droite étant un bas-officier en uniforme, se trouvait devant moi à Suburre, et buvait en ce moment une bouteille de Heidsieck.

Ho !… Ho !… pensais-je, allons-nous mêler maintenant, quand les fastes guerriers sont disparus, le souvenir et les rancunes du temps où nos métiers étaient soldatesques aux problèmes passionnels qui, eux, gagnent à rester pacifiques ?