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noblesse de matrone, se leva en même temps que Polia, qui m’apparut plus belle que jamais, gracieuse au possible, d’un aspect doux et souriant. Toutes deux me rassurèrent et m’engagèrent à rentrer dans le sacrosaint sanctuaire, m’invitant à me présenter respectueusement devant l’autel divin. Je m’agenouillai entre la prêtresse et Polia. Cette première, avec une cérémonie

antique, cueillit trois de ces fruits miraculeux. S’en réservant un, elle offrit les deux autres à Polia et à moi, afin que nous y goûtassions ensemble avec la religion prescrite et une grande pureté de coeur. Je n’eus pas plus tôt touché à ce merveilleux petit fruit si doux que je sentis se rajeunir, se renouveler ma lourde intelligence épaissie, renaître mon coeur triste et désemparé sous l’envahissement d’une amoureuse joie, non moins qu’un homme précipité dans la mer profonde, qui plonge jusqu’au fond, les lèvres ser¬