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et Néobule[1] avec la charmante Phyllis[2] et la belle Lycée[3] et Tiburna[4] et Pyrrha[5] se jouant voluptueusement aux sons de la cithare. Puis, à la suite de ce quatrième triomphe, parmi les Ménades, suivait une superbe demoiselle qui chantait avec l’amoureux Phaon dont la belle tête excitait sa chair[6].

Immédiatement après, la nymphe me montra une très-honnête dame vêtue de blanc, puis une autre habillée de couleur verdoyante.

C’est ainsi que très-joyeusement toutes viraient et circulaient par la plaine agréable et fleurie. Quelques-unes étaient laurées, quelques autres étaient couronnées de myrte ou de divers feuillages et ornements, se livrant à de solennelles prières, à de religieux, divins et glorieux discours, goûtant la satiété du plaisir, sans fin, sans ennui, sans fatigue, en pleine gloire, jouissant entre elles des aspects bénis de ces contrées fortunées, de cette sainte patrie, sans que rien vînt interrompre leur très-paisible et très-heureuse possession.

  1. Fille de Lycante, qu’Archiloque contraignit à se pendre.
  2. Fille de Lycurgue, roi de Thrace ; qui se pendit désespérée de n’avoir pu obtenir Démophon, et métamorphosée en amandier.
  3. Audivere, Lyce, Dî mea vota, Dî.

    (Horace, Od., IV, 13, 1.)
  4. Sil, Italicus (II, 554).
  5. Femme de Deucalion. (Ovide, Met., I, 350.)
  6. Sapho, amoureuse de Phaon, jeune homme de Lesbos.