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L’enfant, par un art très-grand, était pris dans la veine blanche d’une agate-onyx, l’aigle dans celle d’une sardoine fixée à la première. Ce travail exquis me laissa stupéfait, cherchant à comprendre comment l’habile ouvrier avait pu faire servir une telle pierre au but qu’il s’était proposé, et cela si convenablement. C’est au point qu’avec raison je conjecturai, en considérant la plume hérissée à l’entour du bec dans lequel se laissait voir une langue haletante, que l’aigle était envahi tout entier par la volupté. Il donnait à son dos le tour de la clef de la voûte et y ployait celui de l’enfant suspendu.

Le restant de l’archivolte, dans son soffite, était disposé en petits carrés saillants fort bien tracés, du milieu desquels pendaient des rosaces en relief et régulières. Ces carrés avaient la largeur des antes et s’étendaient au-dessus de leurs petits chapiteaux sur la surface infléchie de la voûte à partir de l’entrée de la porte.

Dans chacun des triangles formés par l’arc était une Pastophore[1] d’une sculpture très-noble faite de cette manière que le vulgaire appelle camée. Les draperies trahissaient le corps virginal ; elles volaient en découvrant une partie des belles jambes, la poitrine, le haut du bras de ces figures qui, les cheveux flottants et les pieds nus, inclinaient, vers la clef de l’arc, un trophée de victoire. Elles occupaient convenablement le champ noir du fond, qui donnait un air de vérité aux parties imitant le métal et faisait ressortir les nymphes plus blanches que du lait. Derrière les colonnes on apercevait une feuille de

  1. Παστοφόροσ, pastophore. Collège de prêtres qui portaient dans des châsses les images des dieux. — Qui préside à l’hymen, qui porte le rideau du lit nuptial, surnom de Vénus Aphrodite.